15.04.20

Soutien au secteur CHRD : Courrier commun à l'intention du Premier Ministre Edouard Philippe

Courrier commun à l'intention du Premier Ministre Edouard Philippe, cosigné par Didier Martin avec Christophe Blanchet et 43 députés, en soutien à l'économie touristique française, aux cafetiers, aux hôteliers, aux restaurants et aux discothécaires.

 Monsieur le Premier Ministre, 
 
Vous n'êtes pas sans connaître la brutalité avec laquelle les cafetiers, hôteliers, restaurants & discothécaires (CHRD) ont été forcés de suspendre jusqu’à nouvel ordre leurs activités à cause de l'épidémie de Covid-19 qui frappe notre pays. De même, comme vous vous en souvenez, la décision de fermer ces commerces a été prise de manière unilatérale, pour d’évidentes raisons sanitaires, et dès avant le confinement de la population. Ainsi, depuis très exactement un mois, ces entrepreneurs et leurs employés ne peuvent plus exercer leurs activités.  
 
Alors que le confinement a encore été prolongé pour un mois supplémentaire, les dépôts de bilans ne manqueront pas de se multiplier malgré les mesures générales déjà appliquées. Il faut un geste fort très rapidement. Car ce qu’attend la filière avec impatience, c’est qu’on lui redonne de l’espoir aujourd’hui et de la visibilité pour l’avenir.  
 
Cet espoir doit renaître grâce à plusieurs mesures :  
 
- L’annulation pure et simple des charges, et non un simple report, car les mois de confinement sont des mois totalement perdus et reporter les charges ne ferait que reporter le problème. De plus, la reprise dans ce secteur fortement touristique risque d’être poussive dans un monde où les flux de personnes vont probablement se réduire à cause de la fermeture des frontières et des déplacements limités.  
 
- Le sujet des loyers des établissements doit être clarifié. Nous constatons en la matière un véritable imbroglio. Alors que ce poste de dépense correspond à la deuxième charge la plus importante pour ces commerces, après le personnel, la situation n’est aucunement homogène. Certains établissements continuent à payer leur loyer quand d’autres bénéficient heureusement de la clémence des propriétaires pour réduire voire reporter les échéances. Il faut trouver le moyen d’annuler ces charges qui grèvent les trésoreries des CHRD et ceci, naturellement, sans léser les propriétaires. Proposons que les bailleurs puissent avoir accès à des prêts à taux 0%, quand ils n’ont pu bénéficier d’un report de crédit bancaire, ou que ces loyers non perçus sont leur seule source de revenu.  
 
- Les assurances ont un rôle majeur à jouer et doivent annuler et rembourser tout simplement les échéances mensuelles auprès des CHRD depuis le début du confinement et ce jusqu’à la réouverture des lieux, tout en continuant de les assurer. Il faut savoir que pour certains établissements recevant du public (ERP) la cotisation assurance représente plus de 1 000 euros par mois. Une telle annonce marquerait ainsi leur solidarité. 
 
- S’agissant des banques, nous devons obtenir l’annulation de tous les frais bancaires pour les CHRD ainsi que le remboursement des locations de matériel comme les TPE (terminaux de paiement électronique). A titre d’exemple, la simple location d’un appareil coûte entre 30 et 60 euros mensuel et pour certains petits commerces, il s’agit d’une charge importante. 
 
Toutes ces mesures seront d’autant plus efficaces et rassureront cette profession si en plus, nous donnons des gages de visibilité pour son avenir. Il a été dit que ce secteur n’était pas essentiel à la vie du pays, des mots utilisés dans un contexte d’urgence évident et compris, mais blessant pour toutes ces professions qui sont la deuxième économie du pays avec plus d’un million de salariés. Ces activités sont réellement essentielles pour notre économie, pour le vivre ensemble, pour l’harmonie des territoires, pour la ruralité, pour notre attractivité touristique, pour défendre nos spécificités gastronomiques… elles ont besoin d’un cap. 
 
Cela doit passer par les propositions suivantes :  
 
- Clarifier l’annonce de reprise pour le 11 juillet car il y a beaucoup d’incompréhension. Beaucoup de ces ERP ne voient pas pourquoi ils devraient être considérés comme des festivals. 
 
- Prévoir un calendrier de réouverture par type d’ERP des CHRD. Les restaurants sont en capacité d’adopter des gestes barrières, d’autres cafés ne demandent qu’à œuvrer en ce sens. Les structures hôtelières sont en mesures d’adapter facilement leurs offres et conditions d’accueil. Les débits de boissons peuvent mettre en place des conditions drastiques d’accueil.  
 
- Écrire dès à présent un cahier des charges sanitaires national pour la réouverture de ces établissements en lien avec les syndicats, pour assurer les gestes barrières. A titre d’exemple, cela peut simplement être pour les restaurateurs une capacité d’accueil de 50% au sein de leur établissement. Une simple mesure serait d’établir par la loi ou par décret que les autorisations d’accueil au public qui limite le nombre de personnes au sein d’un établissement soit divisé par deux le temps du déconfinement total. 
 
- Chaque année, nombre de ces entreprises sont reprises par de nouveaux gérants. Pour beaucoup d’entre eux, ils abandonnent leurs anciens métiers pour réaliser souvent leur rêve sinon un changement professionnel. Ils ont souvent établi leur prévisionnel sur un chiffre d’affaires qui devait commencer en avril ou mai et pour les raisons que nous connaissons n’ont pu ouvrir et n’ouvriront pas maintenant. Pourquoi ne pas leur accorder leur droit au chômage car ces nouveaux entrepreneurs ont souvent mis toutes leurs économies dans leur projet et n’ont plus aucune ressource aujourd’hui. 
 
L’époque que nous traversons est difficile et unique. C’est par la solidarité que nous pourrons aussi sortir de cette crise. Cette solidarité doit s’opérer aussi auprès de ces milliers d’entrepreneurs, qui font la fierté de notre identité culturelle, gastronomique, festive. Nous devons donc envoyer des signaux visibles et rassurants pour protéger un tissu économique d'excellence qui couvre l'ensemble du territoire et qui n'est pas délocalisable. 
 
L'hiver 2018 a vu le mouvement des Gilets Jaunes mettre bien des établissements en difficultés, l'hiver 2019 et les longues grèves des transports l'ont encore plus fragilisé. Ne laissons pas l'année 2020 et le Covid-19 les anéantir définitivement car nous aurons besoin de ce secteur pour relancer l'économie et le vivre-ensemble !  
 
Nous restons à votre disposition ainsi qu’à celle de votre cabinet et vous prions de croire, Monsieur le Premier Ministre, à l’assurance de notre haute et respectueuse considération, 
 
 
- Christophe BLANCHET, Député du Calvados - Pascale FONTENEL-PERSONNE, Députée de la Sarthe - Didier BAICHERE, Député des Yvelines - Didier MARTIN, Député de la Côte-d’Or - Blandine BROCARD, Députée du Rhône - Brigitte LISO, Députée du Nord - Benoit POTTERIE, Député du Pas-de-Calais - Olivier DAMAISIN, Député du Lot-et-Garonne - Jean-Marie FIEVET, Député des Deux-Sèvres - Ludovic MENDES, Député de la Moselle - Xavier BATUT, Député de la Seine-Maritime - Stéphane TROMPILLE, Député de l’Ain - Mireille CLAPOT, Députée de la Drôme - Bruno STUDER, Député du Bas-Rhin - Carole BUREAU-BONNARD, Députée de l’Oise - François JOLIVET, Député de l’Indre - Anne BRUGNERA, Députée du Rhône - Denis MASSEGLIA, Député du Maine-et-Loire - Sereine MAUBORGNE, Députée du Var - Caroline ABADIE, Députée de l’Isère - Bertrand SORRE, Député de la Manche - Bénédicte PETELLE, Députée des Hauts-de-Seine  - Thomas RUDIGOZ, Député du Rhône - Alain PEREA, Député de l’Aude - Pierre VENTEAU, Député de la Haute-Vienne - Jacques MAIRE, Député des Hauts-de-Seine - Anissa KHEDHER, Députée du Rhône - Jean-Michel JACQUES, Député du Morbihan - Florence MORLIGHEM, Députée du Nord - Alain TOURRET, Député du Calvados - Jean-Michel MIS, Député de la Loire - Joël GIRAUD, Député des Hautes-Alpes - Pierre HENRIET, Députée de Vendée - Damien PICHEREAU, Député de la Sarthe - Christophe LEJEUNE, Député de la Haute-Saône - Lionel CAUSSE, Député des Landes - Philippe CHALUMEAU, Député d’Indre-et-Loire - Monica MICHEL, Députée des Bouches-du-Rhône - Aude AMADOU, Députée de Loire-Atlantique - Éric POULLIAT, Député de Gironde - Dimitri HOUBRON, Député du Nord - Aina KURIC, Députée de la Marne - Sandrine MÖRCH, Députée de Haute-Garonne - Stéphane MAZARS, Député de l’Aveyron - Jacques MARILOSSIAN, Député des Hauts-de-Seine 

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